Le Samkhya
Le yoga est un des six points de vue de la pensée traditionnelle védique. Il fait appel à l’augmentation du niveau de perception du corps. Les points de vues indiens (ou darshanas) sont couplés par paire. Le samkhya est donc lié au yoga. Il peut être vu comme la partie théorique et utilise principalement la réflexion.
Le traité de référence du Samkhya « Samkhya Sutra » de Kapila est considéré comme définitivement perdu. L’ouvrage de référence en est donc le « Samkhya karika » d’ Īśvarakṛṣṇa qui en constitue un résumé.
Le samkhya propose une séparation de l’être en une partie manifesté et une partie non manifesté qui en est la cause. (sutra 10)
L’existence de cette partie non manifesté, dont la perception fait défaut, peut être établie par une réflexion de type analogique ou par un témoignage valide. (sutra 6)
Une division plus fine en cinq couches de l’être est proposée dans le sutra 22. » De la matière, procède le grand principe, de celui-ci l’ego, et de ce dernier, la troupe des seize, enfin de cinq d’entre eux les cinq élèments grossiers. »
Tout ces élements sont appelés les 25 tattvas, terme sanskrit signifiant vérité.
Ce sutra propose donc une vision de l’être en cinq couches, une couche non -manifestée contenant la « matière », 3 couches subtiles et une couche grossière. Ces cinq couches ne sont pas s’en rappeler les koshas, notions provenant plus particulièrement de la philosophie de l’Advaita Védanta (un autre point de vue ou darshana du veda)
La couche non manifestée ou Anandamaya Kosha
Cette couche est le siège de Purusha et de Prakriti. Prakriti est « la matière » ou la racine créatrice de tout. Pour être productrice, elle doit être activée par Purusha . (sutra 3). La notion de matière non manifestée est difficile à appréhender pour nous occidentaux. Il faut un peu oublier Descartes pour se rapprocher d’Aristote et de sa « Materia Prima »
Purusha quant à lui est la conscience pure, qui observe, immobile et en silence.
La première couche subtile, Vijnanamaya Kosha
Cette couche est le siège de buddhi, la première production de prakriti, qui est intelligence pure. Si on prend comme analogie Purusha comme un soleil, alors buddhi devient un rayon de soleil qui illumine les ténèbres. Buddhi est également nommé dans les textes le grand principe ou Mahat. Cette couche est déjà manifestée dans le sens où elle est transitoire et contingente . (Elle peut exister ou non).
Buddhi donne alors naissance à Ahamkara, l’égo. C’est un principe d’individuation. La conscience étant immobile et sans doute commune à un ensemble d’êtres, l’égo fait de la vie une expérience indivuelle.
La deuxième couche subtile, manomaya kosha
C’est le siège de Manas le mental, production de Ahamkara. Ahamkara produit également les 5 Tanmātras. Ce sont les élèments subtiles (ou essence des élèments grossiers) caractérisés par le son, le toucher, la forme ,la saveur, l’odeur.
la troisième couche subtile, pranamaya kosha
C’est le siège du prana, énergie subtile de l’homme. Le prana est notamment obtenu par la respiration et la nourriture. Par une analogie avec l’électricité, on peut également remarquer que l’énergie est également obtenu par un différence de potentiel. Notamment entre la manifestation grossière , sorte de pole négatif , et la non manifestation , pôle positif.
La couche grossière, Anna Kosha
Elle est composé des dix indriyas sont aussi appelés facultés d’actions et de sensation, production de Ahamkara. Ces indriyas ont cependant un double aspect grossier et subtil, pouvant être envisagé en tant que facultés et en tant qu’organes. Ces dix facultés externes, participent également des cinq tanmâtras. Il y a cinq facultés de sensations ,et cinq facultés d’actions.
D’après le Sâmkhya, ces facultés, avec leurs organes respectifs, sont les instruments de la connaissance dans le domaine de l’individualité humaine. Les facultés de sensations sont les oreilles, la peau, les yeux, la langue et le nez. Les facultés d’actions sont la voix, les mains, les pieds, l’anus et le sexe.
» Un sens corporel perçoit, et un organe d’action exécute […]; entre les deux, le sens interne (manas) examine ; la conscience (Ahankâra) fait l’application individuelle, c’est-à-dire l’assimilation de la perception au « moi », […]; et enfin l’intellect pur (Buddhi) transpose dans l’Universel les données des facultés précédentes. »
René Guénon
« C’est dans l’épreuve que je fais d’un corps explorateur voué aux choses et au monde, d’un sensible qui m’investit jusqu’au plus individuel de moi-même et m’attire aussitôt de la qualité à l’espace, de l’espace à la chose et de la chose à l’horizon des choses, c’est à dire à un monde déjà là, que se noue ma relation avec l’être »
Maurice Merleau-Ponty
Les gunas (sattva, rajas, tamas)
L’ensemble des élèments précédents sont affectés par les 3 qualités ou Gunas. Ces qualités imprégnent l’ensemble de la philosophie indienne..
Nous allons parler de Mahat .C’est le grand principe, qui n’est d’autre que buddhi mais envisagé à partir de l’universel et non de l’inviduel. Il est alors vu sous les trois aspects de la Divinité (Îshwara), à savoir Brahmâ, Vishnu et Shiva, suivant la qualité à laquel il est associé.
Les Bhutas
Des tanmâtras naissent les bhutas ou élèments grossiers.
Du principe du son évolue en Ether, le principe du toucher né l’air, du principe de la forme né le feu, de la saveur né l’eau, de l’odeur né la terre.
Serge